Tourisme Région SUD
Jean-Pierre Ghiribelli : « Pour 70% des Français, la mer est la destination N°1 des vacances » !
Selon les premières données du mois de mars (Source : MKG OlaKala), le taux d’occupation des hôtels de la région Sud s’élève à 22,6%, en recul de 36,4 points par rapport à 2019.
La courbe traduit une baisse significative à partir du 15 mars, soit deux jours avant le début du confinement.
Toutes les destinations touristiques de France sont impactées par cette baisse. Ainsi, si Provence-Alpes-Côte d’Azur enregistre une baisse de 29,4 points de la fréquentation hôtelière par rapport au mois de février 2019, Paris enregistre une baisse de près de 50 points, l’Île-de-France de près de 33 points, et les autres régions de près de 30 points.
Faisant le point sur l'impact de la crise sur le secteur du tourisme, Jean-Pierre Ghiribelli, président de l'UMIH du Var, répond aux questions de La Gazette du Var.
Comment va s'organiser la sortie post-confinement ?
Jean-Pierre GHIRIBELLI. A la sortie du confinement, les perspectives de consommation en hôtellerie et restauration se précisent lentement.
Maintenant que le président de la République a ébauché un calendrier de sortie de crise, le secteur est en ordre de bataille pour préparer le redémarrage, mais beaucoup d'incertitudes demeurent.
Depuis le début de cette crise sanitaire, qui frappe de plein fouet nos entreprises, l'UMIH a multiplié les réunions de crise auprès des pouvoirs publics et des ministres concernés, ainsi que les actions auprès de tous les acteurs économiques. Elle a œuvré à la solidarité collective d'hébergement et de restauration d'urgence des professionnels en première ligne du combat. Elle a enfin sollicité et négocié d'arrache-pied les mesures d'accompagnement destinées à amortir le choc pour nos entreprises, telles que le recours à l'activité partielle pour maintenir l'emploi, les exonérations ou reports de charges et de créances, les appuis en trésorerie, les garanties bancaires, pour ne citer que certains des nombreux outils à mobiliser pour limiter la casse.
S'agit-il, selon vous de mesures opportunes, mais encore insuffisantes ?
JPG. L'arsenal mis en place par le gouvernement va préserver en partie la trésorerie des établissements et les banques ont, en gros, joué le jeu. Nous avons ainsi obtenu certaines satisfactions, comme la suspension des crédits bancaires, la suspension de la taxe de 10 € sur les CDDU, une charte pour encadrer la mise à disposition des hôtels, la prise en compte de la durée de travail conventionnelle de notre secteur (39 heures au lieu de 35), l'exonération des cotisations santé et prévoyance pour les salariés et entreprises dans le cadre de Commission Professionnelle HCR. Mais cet effort en faveur de nos établissements doit être maintenu et renforcé, au risque que ce report de charges ne se transforme, à terme, en bombe à retardement.
Vous appréhendez une réglementation trop tatillonne ?
JPG. En effet, nous nous battons au quotidien pour soulager les excès d'une réglementation que nous jugeons trop tatillonne et d'une fiscalité trop confiscatoire, mais nous reconnaissons que nos réclamations ont rencontré un écho du côté des pouvoirs publics et des collectivités. En revanche, à situation exceptionnelle, il faut des mesures exceptionnelles. Par exemple, la reconnaissance par l’État d'une urgence sanitaire et d'un cas de force majeure seraient à même de permettre aux assurances de prendre partiellement le relais, sans quoi de nombreuses entreprises du secteur ne parviendront pas à franchir le mur de la dette.
Et, comment envisagez-vous le redémarrage ?
JPG. Cela dit, l'heure est maintenant à la préparation du redémarrage économique, aux scénarios de sortie de cette crise. L'intervention du président de la République a permis d'envisager le bout du tunnel pour la population, avec l'annonce d'une fin de confinement le 11 mai. En revanche, elle ne concerne pas notre secteur d'activité pour l'instant. Or seul un calendrier des modalités du déconfinement progressif permettra à nos entreprises d'envisager la relance de leur activité. C'est un chantier très complexe à mettre en œuvre pour programmer les embauches, les investissements et les achats et il nécessite une bonne visibilité.
Et que pensez-vous du plan « autonome » annoncé par Emmanuel Macron ?
JPG. Nous avons en revanche noté avec satisfaction dans l'allocution présidentielle la mise en œuvre prochaine d'un plan « autonome » pour le soutien du secteur touristique et de l'hôtellerie-restauration et nous attendons avec impatience d'en connaître le contenu d'allègement de charges et d'aides spécifiques.
Nous sommes en effet prêts à assumer nos responsabilités et à prendre les risques inhérents à nos exploitations et comptons fermement sur la flexibilité des pouvoirs publics et des collectivités pour nous soulager par des mesures d'accompagnement exceptionnelles durant cette période provisoire de redémarrage. Pour ne citer qu'un exemple parmi beaucoup, nous attendons davantage de souplesse dans les autorisations d'ouverture du domaine public en surface et des terrasses afin de répondre aux besoins du public de se retrouver, tout en maintenant les distanciations sociales qu'imposera nécessairement la réglementation.
Mais pour vous, il existe des perspectives encourageantes ?
JPG. Quelques pistes s'ouvrent à nous à la lumière de l'étude nationale "les perspectives de consommation hôtellerie et restauration des Français après le confinement", que vient de publier API & YOU. Menée du 4 au 6 avril 2020 auprès de 1002 consommateurs de coffrets cadeaux gastronomiques et touristiques répartis dans 12 régions françaises, elle révèle aux acteurs du tourisme les nouvelles attentes des consommateurs français et vont nous aider à renouer avec le dynamisme économique.
Près de 32% des personnes interrogées souhaitent aller au restaurant pour marquer la fin du confinement et y allouer un budget important.
Les consommateurs sont donc plutôt confiants ?
JPG. Effectivement. Près de 65% des personnes interrogées se disent prêtes à retourner au restaurant dès la mi-juin et 20% dès fin mai. Près de 11% des personnes interrogées indiquent vouloir se rendre plus souvent au restaurant après la période de confinement et 85 % indiquent ne pas vouloir changer leurs habitudes de consommation. Près de 65% des personnes interrogées se disent prêtes à partir en week-end dès la mi-juin pour marquer la fin du confinement. Une clientèle majoritairement infra-régionale, ne s'éloignant pas de plus de 250 kilomètres de chez elle.
Et, pour le post-confinement, les Français vont faire le choix de la France ?
JPG. Plus de 23% des personnes interrogées indiquent vouloir partir plus souvent en week-end / vacances après la période de confinement, majoritairement dans l'hôtellerie. Quant aux vacances, elles dessinent d'abord un tourisme tricolore : Pour 53% des personnes interrogées, « soutenir l'économie locale et privilégier la France » est essentiel. Et la mer est la destination numéro 1, retenue par près de 70% des personnes interrogées !
Autant de perspectives qui devraient rendre le sourire à un secteur parmi les plus impactés par la crise sanitaire du siècle.