Workshop Med
La Région défend un tourisme à l’année
Rencontre professionnelle par excellence, le Workshop Med a permis, le 17 novembre dernier à Toulon, de réunir 84 professionnels français exposants, 97 tours opérateurs visiteurs, venus de 14 pays du bassin méditerranéen et produire 2 000 rendez-vous professionnels.
Bref, c'était l’opportunité de renforcer les relations commerciales entre acteurs du tourisme français et internationaux. D'ailleurs, organisé pour la première fois à Toulon, un tel événement a permis de faire découvrir la Provence, cette terre de sport, de culture, de gastronomie, d’événements internationaux, de paysages exceptionnels. Une terre d'authenticité avec une qualité de vie exceptionnelle !
François de Canson, président du Comité Régional de Tourisme (CRT) et président d'ADN Tourisme, répond aux questions de La Gazette du Var.
Votre enjeu est donc de vendre la Provence en hiver ?
François de CANSON. Effectivement. On veut lisser les pics de fréquentation sur l'ensemble de l'année. Nous défendons les valeurs d’un tourisme apaisé, positif, durable qui passe par un tourisme à l’année, respectueux des habitants. Depuis des années, nous ne faisons plus de promotion sur la haute saison touristique. Nous avons lancé une campagne de promotion de la Côte d’Azur en hiver « Winter is the new summer ». Aujourd’hui, c’est sur la Provence que nous mettons un coup de projecteur.
En termes de tourisme, l'année 2023 est exemplaire ?
FDC. L’automne s’est très bien passé grâce à la Coupe du Monde de Rugby qui nous a permis d’atteindre un taux de remplissage de 80% en septembre avec une croissance de 20% de la clientèle étrangère, notamment venue du Royaume-Uni.
Il faut faire connaître les attraits de la région du mois de novembre au mois d'avril.
En amont, nous organisons des rencontres digitales avec les professionnels français pour qu’ils puissent mieux s’approprier les habitudes de nos visiteurs étrangers. C’est l’occasion d’aller de Salon à Cassis, de Bandol à La Londe-les-Maures, de découvrir le golfe de Saint-Tropez et la Métropole TPM. Nous leur faisons visiter Hyères, La Seyne-sur-Mer, Toulon, le mont Faron, les Halles et le centre ancien.
Toulon a beaucoup changé ces dernières années ?
FDC. C'est incontestable ! La ville est montée en gamme. C’est grâce à cette évolution que Toulon a pu recevoir un tel événement. C’est la première fois qu’un rendez-vous touristique de cette dimension est organisé dans le Var ! Grâce au travail avec Atout France, le CRT a obtenu que le Workshop Med se tienne à Toulon. C’est une belle victoire du CRT, que je préside.
Comment attirer des Japonais, attachés au patrimoine et des Italiens ou des Suisses qui viennent pour la gastronomie ?
FDC. Effectivement. Il faut tenir compte des affinités et des comportements des clientèles internationales.
C’est pourquoi nous venons de mener la plus grande enquête, jamais réalisée en France, pour mieux comprendre les habitudes de nos visiteurs. Nous avons traité plus de 40 000 questionnaires pour évaluer l’impact écologique et le poids économique de la filière. Une étude riche d’enseignement qui a permis de mieux connaître nos 12 principales clientèles : 4 françaises et 8 internationales (Allemagne, Belgique, Italie, Pays-Bas, Suisse, Royaume-Uni, Espagne et États-Unis).
Provence Alpes Côte d’Azur est la région qui accueille le plus de touristes internationaux après Paris ?
FDC. Les chiffres le montrent clairement. Le poids du tourisme international représente 30% des séjours mais près de la moitié des retombées économiques. Le tourisme chez nous, c’est 13% du PIB, plus de 21 milliards de chiffre d’affaires. C’est chaque année 87 millions de nuitées internationales sur 240 millions de nuitées enregistrées en région Sud. Les vacanciers internationaux viennent régulièrement hors des périodes de vacances des Français.
C’est une clientèle qui dépense plus. Un Français dépense en moyenne 60€ par jour et par personne et un visiteur international 87€. Les vacanciers étrangers restent souvent plus longtemps que les Français et privilégient l’hébergement marchand.
C’est une clientèle exigeante qui nécessite que nous soyons très attentifs au rapport qualité-prix et à la qualité de l’accueil.
Aujourd'hui, le tourisme est organisé par filière…
FDC. En effet, pour satisfaire le plus grand nombre, nous avons créé des filières : Cyclotourisme, œnologie, tourisme culturel, nautisme, tourisme spirituel avec cet « autre Compostelle » sur les pas de Marie Madeleine et le tourisme mémoriel, avec les 80 ans du Débarquement de Provence. Ce sera très important pour notre territoire et, personnellement, pour Renaud Muselier, petit-fils de l’Amiral Émile Muselier, compagnon d’armes du général de Gaulle.
Quels sont les avantages de visiter le Var hors saison estivale ?
FDC. D’abord, si on peut visiter le Var en hiver, c’est parce que ce territoire est exceptionnel avec 300 jours de soleil par an, des paysages à couper le souffle du Verdon au littoral en passant par l’Estérel.
Ensuite, les prix sont souvent plus attractifs et comme il y a moins de monde, on peut profiter d’une réelle expérience !
En région Sud, on peut atterrir à Nice et visiter la fondation Maeght, puis se rendre à Hyères découvrir la villa Noailles, puis aller au Mucem avant de reprendre l’avion à Marseille ! On peut même passer par Draguignan et découvrir le nouveau musée des Beaux-Arts !
Hors de la très haute saison, l’hébergement est moins cher. Les touristes retrouvent plus de pouvoir d’achat pour se faire plaisir au restaurant ou dans des activités payantes !
D'où l'intérêt de faire vivre l'économie touristique toute l'année ?
FDC. En effet, il est important de remplir les hôtels à l’année.
C’est très bon pour l’emploi et pour les salariés. C’est aussi l’occasion de lutter contre le tourisme bashing ! Il fait beaucoup de mal et propage souvent des informations fausses ou erronées !
Nous portons, avec le président Renaud Muselier, les valeurs d’un tourisme respectueux des habitants et de l’environnement.
Il ne faut jamais opposer économie et écologie. Nous pouvons développer l’économie tout en prenant en compte l’urgence climatique. C’est tout l’enjeu du premier budget 100% vert d’Europe, voté par la Région.
Photo CRT.